Les Huguenots

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ALBRET (d’) Jeanne, 1528-1572

Reine de Navarre (1555-1572) et mère d'Henri IV, cheffe des Huguenots

Jeanne naît à Saint-Germain en 1528, d’Henri II de Navarre et de Marguerite d’Angoulême, sœur de François Ier. Elle épouse en secondes noces Antoine de Bourbon (un catholique modéré), un de leurs fils devient Henri IV. Convaincue par les idées calvinistes, elle attend la mort de son père en 1555 pour laisser paraître ses idées. Elle officialise sa rupture à Noël 1560. Le 19 juillet 1561, elle rend le calvinisme religion officielle de la Navarre. De nombreux nobles du Périgord, et du Lot-et-Garonne se trouvent être sous l’influence de la maison d’Albret, ce qui facilite la pénétration du protestantisme dans la région. Habile politique, Jeanne va conduire entre 1561 et 1572, date de sa mort, une partie de la politique du parti protestant en France. Elle doit aussi lutter pour conserver le contrôle de ses États face aux troupes royales, et son chemin croise souvent celui de Montluc dans les vallées de la Dordogne et de l’Agenais.
Elle meurt après une entrevue avec la reine Catherine de Médicis à propos des préparatifs de mariage entre son fils Henri et Marguerite de Valois, Fille de France deux mois avant les massacres de la saint Barthélémy.

b

BACH Eugène, 1874-1956

Pasteur

Issu d’une famille alsacienne installée à Lille, il fait ses études de théologie à Paris et est pasteur à Montcaret de 1898 à 1946. Il épouse en 1900, à Laforce, Suzanne Rayroux, fille d’Ernest Rayroux, pasteur et directeur des Asiles.
Sa retraite se déroule au Gourdon, au dessus de Montcaret. Bon prédicateur, proche de ses paroissiens il fut très aimé d’eux. Ses positions théologiques à mi chemin entre orthodoxes et libéraux et son esprit conciliateur firent de lui un artisan inlassable de l’unité de l’Église Réformée, unité qu’il eu la joie de voir réalisée à la fin de son ministère.

BAYSSELLANCE Adrien, 1829-1907

Ingénieur du Génie et homme politique, maire de Bordeaux (1888-1892)

Né à Queyssac, il est le fils de Jean Bayssellance, notaire à Bergerac, et d’Élisabeth Loreilhe, deux grandes familles, la première bergeracoise, la seconde foyenne, toutes deux mentionnées anciennement dans les registres de l’Église.
Il fait ses études au Collège protestant de Sainte-Foy avant d’être admis à l’École polytechnique et à l’École navale de Lorient. Ingénieur des constructions navales, il exerça successivement à Brest, Rochefort, Marseille, puis Bordeaux où il termina sa carrière comme chef de service des constructions navales.
À sa retraite, il entre en politique et est élu en 1878 au conseil municipal sur la liste républicaine et désigné comme adjoint aux travaux publics. Il est maire de Bordeaux (1888-1892) et s’intéresse particulièrement aux ques­tions scolaires (construction des lycées et facultés), sociales, et à l’état de la morale publique. Il est réputé pour ses qualités humaines et son esprit conciliateur et reçoit à ce titre en 1905 la couronne civique de la Société de l’encouragement au bien.
Philanthrope, il est membre d’une dizaine d’œuvres laïques. À titre privé, il est un membre actif de la Ligue des droits de l’homme dont le fondateur Ludovic Trarieux est l’époux d’une protestante bordelaise et fait partie du petit groupe bordelais de protestants dreyfusards.
Dans l’Église, il appartient à la tendance libérale bien représentée à Bergerac où il compte comme amis le pasteur Vidal, le docteur Barraud, Ch. Gaussens, sans oublier Jules Steeg pasteur et député de Libourne. Membre du consistoire libéral de Marseille, il fait partie en 1873 de la délégation libérale à la deuxième session du Synode général où il dénonça l’obligation pour les fidèles de signer une déclaration de foi et les risques de « fermeture » de l’Église. À Bordeaux, il s’emploie à maintenir le dialogue entre évangéliques et libéraux et fut élu en 1901 au consistoire à majorité évangélique où il siégea jusqu’à sa mort. Lors de la séparation des Églises et de l’État, il œuvre pour le rattachement de l’Église de Bordeaux à l’Union de Jarnac, mais sans succès.
Bayssellance est aussi un grand pyrénéiste ; il fonde en 1878 la section locale du Club Alpin qu’il préside en 1907.
Il meurt à Bordeaux, ses obsèques sont célébrées par le pasteur Paul Morize.

BELSUNCE DE CASTELMORON (de) François-Xavier, 1671-1755

Prélat français, protestant converti devenu évêque de Marseille (1710-1755)

Il naît en 1671 au château de La Force, second fils d'Armand de Belsunce, marquis de Castelmoron et d'Anne Nompar de La Force, sœur du duc de Lauzun.
Élevé dans la foi réformée, il opte, à 16 ans, pour le catholicisme, et part faire ses études au collège Louis-le-Grand à Paris, puis chez les Jésuites, qu'il quitte en 1701. Il est ordonné prêtre en 1703. D'abord vicaire général du diocèse d'Agen, il est nommé évêque de Marseille en 1710.
Dans la violente querelle suscitée par la bulle Unigenitus, il prend fermement le parti du Pape contre le jansénisme, ce qui lui vaut quelques démêlés avec le Parlement d'Aix.
Son attitude pendant la peste de Marseille de 1720 a été très controversée, mais il en sort néanmoins grandi. Jusqu'à sa mort en 1755, il reste à Marseille (après avoir refusé l'évêché de Laon), et continue à combattre la franc-maçonnerie et le jansénisme. Il est l'auteur d'ouvrages d'édification. Son portrait par le baron Gérard est conservé au musée des Beaux-Arts de Marseille. 

BOST John (Jean-Antoine), 1817-1881.

Pasteur et fondateur des Asiles de Laforce (act. Fondation John Bost).

Né le 1817 à Montier-Grandval, décédé en 1881 à Paris, enterré à La Force. De santé fragile, il fait des études chaotiques, il est  relieur puis précepteur et par ailleurs très bon pianiste. Pasteur de l’Église évangélique à Laforce en 1844, il y accueille des personnes porteuses de handicaps, ce qui mene à la création de ce qui est devenu la « Fondation John Bost » (voir notice). John Bos est le prophète de l’accueil de « ceux que tous repoussent » et un organisateur hors pair. On doit associer à son action sa femme, Eugénie Meynardie-Ponterie (1834-1887), issue d’une notable famille protestante locale qui, moralement et financièrement, soutient grandement son mari. 

BOUILLON, Henri de La Tour d’Auvergne (duc de), 1555-1623

Maréchal de France, chef militaire du parti huguenot et proche d'Henri IV.

Membre de l'illustre famille de La Tour d'Auvergne, héritière des comtes mérovingiens d'Auvergne, il prend d'abord part aux guerres de Religion dans les rangs catholiques et royaux avant de se convertir au protestantisme et com­man­der les forces protestantes à la demande d’Henri de Navarre en 1585.
Il prend une part active à la bataille de Coutras en 1587, victoire protestante sur le duc de Joyeuse. Il parcourt ensuite la Dordogne pour défaire les positions ligueuses. Il prend le château de Grignols, occupe Saint-Astier, mais évite Périgueux. Il met le siège devant Sarlat avec ses 6 000 hommes. Ce siège est un échec, il revient vers Bergerac. Il canonne le château de Lanquais sur le chemin. Henri de Navarre le nomme ambassadeur en 1590. Plus tard, il ac­quiert le château de Lanquais, aupara­vant possession catholique. La grange dite de Lanquais sert alors au culte protestant.
Né vicomte de Turenne, il devient duc de Bouillon en 1591 puis prince de Sedan en 1592 (devenant l'année même Maréchal de France), sa position lui permet d'être au coeur et, parfois, l'instigateur de conspirations diverses.
Marié à Élisabeth de Nassau (1577-1642), fille de Guillaume Ier d'Orange-Nassau, stathouder de Hollande, ils ont huit enfants dont Henri plus connu sous le nom de "Turenne", militaire de Louis XIV et converti au catholicisme.

BRANTÔME, Pierre de Bourdeille (dit), vers 1540-1614

Issu d’une illustre famille, Pierre de Bour­deille, dit Brantôme, seigneur de Saint-Crépin de Richemont, reste dans le camp catholique comme l’essentiel de ses parents et cousins (quelques ex­cep­tions parmi les femmes). Il passe son enfance à la cour de Navarre. Il hérite de l’abbaye de Brantôme en 1558. Il adhère à la faction des Guises, proche de François II tué par le protestant Poltrot de Méré en 1563. Il débute alors une carrière d’aventures militaires aux côtés des Espagnols engagés contre les Turcs. Rentré en France, il est proche de Charles IX en 1569, tout en conser­vant des liens avec des protestants, tels que François de la Noue. Il participe au siège de La Rochelle dans le camp ca­tholique en 1573. Il s’éloigne du nou­veau roi Henri III dont il considère qu’il ne reconnaît pas ses mérites. Retiré en Périgord après 1584, il se consacre à l’écriture d’une œuvre littéraire et histo­rique. Il décède en 1614 après avoir traversé la totalité des guerres de Reli­gion et l’ensemble du règne d’Henri IV.
Pour en savoir plus, lire l’ouvrage Brantôme : amour et gloire au temps des Valois par Anne-Marie Cocula (Albin Michel, 1986). 

BROCA Paul, 1824-1880

Chirurgien, anthropologiste et sénateur.

Né à Sainte-Foy-La-Grande, Paul Broca s’est imposé comme un célèbre chirur­gien. Enfant prodige de Sainte-Foy-La-Grande, protestant, Paul Broca devient une des chirurgiens les plus célèbres au monde, par ses travaux sur le cerveau, le « centre de la parole », et l’imagerie médicale. Parfois contestés, ses travaux constituent néanmoins un progrès im­portant. A la fin de sa vie, il est désigné sénateur à vie. Il aide la communauté protestante, notamment celle des Bouhets (Les Lèves) 

c

CALAS Pierre, 1825-1900

Pasteur et érudit bergeracois.

Après ses études de théologie à Mon­tauban (thèse en 1850 : Sur les anabap­tistes) il est nommé pasteur à Eymet en 1851 et le resta jusqu’à sa mort en 1900. Il est un temps président du consistoire de Bergerac. Il organise méthodi­que­ment sa paroisse, la dotant rapidement d’une bibliothèque très bien organisée comportant des ouvrages traitant de l’histoire du christianisme et de l’histoire du protestantisme (entre autres, La France protestante des frères Haag et le bulletin de la Société de l’histoire du pro­testantisme français), des ouvrages de piété (théologie mais aussi édification) et des ouvrages consacrés à des récits de voyage, auxquels il ajouta quelques ro­mans anglo-saxons ou français. Il fonde, vers 1880, avec son ami et cousin Léo Delmas, une université populaire (cours du soir pour adultes) qui connait un certain succès.

CART Théophile, 1855-1931

Professeur et père français de l'espéranto

Fils du pasteur libriste d'origine suisse Jean CART, il naît à Saint-Antoine-de-Breuilh (Dordogne), où son père exerce son ministère.
Agrégé d'allemand en 1885, il devient lecteur de langue française à l'Université d'Uppsala (Suède) puis professeur à l'École alsacienne, au lycée Henri IV et à l'École libre des sciences politiques.
Espérantiste convaincu, son discours d'Amiens en 1903 est fondateur du mouvement. En 1904, il crée une maison d'édition espérantiste. Il est vice-président de la société française our la propagation de l'esperanto de 1905 à 1909. En 1912, il est élu président la société française d'espéranto et en 1920, président de la société linguistique de Paris. Il ne cesse de défendre cette langue à l'ambition universaliste, malgré les critiques externes et les divisions internes.
Il meurt à Paris, le 21 mai 1931 et est inhumé au cimetière du père Lachaise (96e division)

CHAUPIN DE LA BRUYÈRE Étienne Brion, 1748-1807

Militaire (général de brigade) et notable agenais.

Fils de Jean Chaupin, seigneur de La Bruyère et capitaine des Mousquetaires du Roi, et de Jeanne de Loches, il naît à Laparade dans une famille de la noblesse militaire. Il est baptisé au désert quelques jours après sa naissance. Adolescent, il rejoint son père dans le service du Roi en devenant mousquetaire à son tour. De son premier mariage avec Rose de Feytis, il n'a qu'une fille Sophie (1776-1782), qui décède prématurément. La fin du règne de Louis XVI et les événements révolutionnaires lui permettent d'avancer dans la hiérarchie militaire (les "Prétendus réformés" ne pouvaient aller au delà du grade de capitaine), c'est ainsi qu'il devient lieutenant-colonel en 1792 (élu) puis général de brigade en 1793 (nommé), dans l'Armée du Rhin. Arrêté pendant la Terreur, il est incarcéré jusqu'au 9 Thermidor. Il n'est cependant pas réintégré au service de l'État major et vit désormais en propriétaire. En 1795, il épouse Marguerite Ferrière (1775-1864), fille du riche courtier Gabriel Ferrière (d'origine foyenne) et de Pauline de Poyen (héritière de planteurs et de militaires). Deux enfants naissent de cette union : Gabriel (1796-1860) marié à Aglaé du Morin de Sendat, maire et cons. général de Tonneins, et Marie-Guilhelmine (1802-1855), épouse de Jean Éléonor Léon Jouhaneau-Larégnère, cons. général de Duras.

CORRIGER Paul, 1923-2009

Céramiste foyen

Né le 29 mars 1923 à Sainte-Foy-la-Grande, il est l'aîné des cinq enfants de Jean Corriger, instituteur et fondateur de l'association des Amis de Sainte-Foy et sa région, et de Marguerite Clary.
En 1941, il commence un apprentissage chez Bernardaud, célèbre maison de fabrication de porcelaines de Limoges, tout suivant des cours de dessin en parallèle. En 1945, il s'installe à Paris pour parfaire sa technique. La révélation des couleurs devient sa passion. En 1947, il s'installe dans sa ville natale où il ouvre son atelier.
D'accord artiste figuratif, ses oeuvres deviennent de plus en plus abstraites sans pour autant abandonner l'éclat des couleurs choisies ; ses rouges et ses bleus sont particulièrement intenses et profonds. La lave émaillée est devenue sa matière de prédilection, celle grâce à laquelle il donne libre cours à son imagination pour de grandes fresques ornant demeures privées et monuments publics. Mélomane, la musique joue une place importante dans sa création, tant dans les musiciens qu'il représente dans ses céramiques que dans les mouvements de ses formes abstraites.
Ami d'artistes majeurs (Lurçat, Mirande, Brana), son talent dépasse les frontière de sa région natale et il expose partout partout en France et jusqu'en Italie - en 1963, il obtient la médaille d'or de l'Exposition internationale de Faenza .
Il décède le 18 janvier 2009 à la maison de retraite de la Fondation John Bost, dont il avait orné de nombreux pavillons de ses oeuvres.

d

DELHORBE Jean-Baptiste, 1822-1858

Pasteur et directeur de la Pension Delhorbe (Sainte-Foy).

Jean-Baptiste Delhorbe naît le 4 mars 1822, à Sains (Ille-et-Vilaine), dans une famille d'industriels ruinés dont le père s'est converti au protestantisme. Après avoir enseigné dans diverses pensions, il suit les cours donnés à l'Institution protestante de Sainte-Foy en 1845, avant de partir pour Genève où il fait ses études de théologie. Après l'obtention de ses diplômes, il revient à Sainte-Foy en 1848, et devient pasteur d'un groupe revivaliste, crée par A. Henriquet (v. notice), en pleine croissance. En 1850, l'Église libre de Sainte-Foy et l'Église évangélique de La Nougarède fusionnent et donnent naissance à l'Église évangélique libre de Sainte-Foy, dont J.-B. Delhorbe est le second pasteur.
En 1851, il devient pasteur itinérant pour la Société évangélique de France, fonction qu'il occupe jusqu'en 1854, date de son mariage avec Marie-Clémentine Cazalis (v. notice), directrice de pension, et de son retour dans la bastide. 
Baptiste résolu, il s'oppose fermement à Alexandre Henriquet sur la question du baptême et démissionne de son poste de second pasteur en 1855 pour se consacrer à la pension de son épouse. Avec elle, il développe cet établissement qui devient un lieu de formation incontournable pour de nombreuses jeunes filles protestantes, grâce aux relations nouées durant son ministère.
Sa santé fragile et le rythme de travail qu'il s'impose auront raison de lui, puisque J.-B. Delhorbe meurt le 2 décembre 1858 à Sainte-Foy. Ses funérailles rassemblent plusieurs centaines de personnes en cortège entre la bastide et La Nougarède où il repose.

DELHORBE-CAZALIS Marie-Clémentine, 1820-1902

Directrice de la Pension Delhorbe (Sainte-Foy).

Originaire de Pignan (Hérault), Marie-Clémentine Cazalis arrive à Sainte-Foy-la-Grande en 1837, comme pensionnaire de la pension Dupuy (v. notice), fondée quelques années plus tôt et qu'elle ne quittera plus. En 1842, elle devient sous-maîtresse de l'établissement puis prend de plus en plus de place dans la direction de la pension dont elle hérite en 1852. Sa direction est marquée par un accroissement du nombre d'élèves, une diversification de l'offre enseignante et une ouverture aux jeunes filles étrangères (britanniques et allemandes). En 1854, elle épouse Jean-Baptiste Delhorbe (v. notice) qui, grâce à son réseau au sein des Églises libres, attire toute une partie de la jeunesse protestante et pastorale dans ce qu'on appelle alors “l'École normale protestante de Ste-Foy”.
Encline aux doutes et à l'envie d'arrêter après la mort prématurée du pasteur Delhorbe (1858), elle continue la direction de son pensionnat qui se développe encore avec 70 à 100 élèves sous le Second Empire. Vieillissante et voyant ses fils vivrent loin d'elle, elle confie son établissement à une de ses maîtresses, Melle Angliviel, en octobre 1882.
Elle s'intalle un temps à Bordeaux, près de son fils Clément, elle voyage pour voir ses enfants et ses anciennes élèves, mais vit principalement à La Nougarède (héritage Dupuy) où elle profite de ses petits-enfants, nés du mariage de sa fille Claire avec le pasteur Paul Morize.

DUPUY Marie, 1770-1852.

Fondatrice et directrice de la pension Dupuy (Sainte-Foy)

Marie Dupuy de Gillet descend des plus importantes familles de la région, par sa mère elle est la petite-fille du très riche négociant bordelais Simon Jauge, par son père elle descend de grands propriétaires du pays foyen, et vit jusqu'à la fin de l'époque impériale entre Bordeaux et sa région natale. En 1795, elle a épousé son cousin germain Pierre Élie Dupuy (1768-1841), de la branche dite de L'Enclos, sans postérité.
En 1817, elle découvre à Bordeaux une méthode d'enseignement nouvelle, mutualiste, dite « lancastérienne » qu'elle introduit à Sainte-Foy l'année suivante en y fondant une pension destinée aux jeunes indigentes du pays. En 1825, elle y ajoute une classe préparant le brevet de capacité, nécessaire à toute jeune fille se vouant à l'enseignement, et formée en pratique auprès des petites filles de la pension, c'est l'origine de l' « École Normale protestante de Sainte-Foy », une des premières écoles du genre en France. Elle est aidée dans sa tâche par sa belle-sœur - et cousine - Marie-Jeanne Molly Dupuy (1779-1850), avec qui elle réside au château de l'Enclos (Pineuilh).
Cette œuvre grandissante voit défiler des centaines de jeunes protestantes du Bordelais et de toute la France, les futures institutrices y enseignent les bases de l'instruction mais également, aidées des professeurs de l'Institution protestante, les langues étrangères, l'histoire et les agréments (dessin, piano). Cependant, Marie Dupuy ne se contente pas d'une instruction « de salon », elle entend faire de ses pensionnaires des jeunes femmes instruites et, surtout, chrétiennes. En effet, Marie Dupuy est une femme pieuse, membre et protectrice de l'Église libre fondée par A. Henriquet à La Nougarède en 1831.
Cette œuvre est financée par le ménage et la famille Dupuy en premier lieu, par les notables de la ville et de Bordeaux, mais également par des œuvres britanniques, elle fit la renommée de Sainte-Foy jusqu'à la fin du XIXe s. Après le décès de sa belle-sœur, fatiguée et âgée, Marie Dupuy abandonne peu à peu la direction de son école à une de ses sous-maîtresses, Marie-Clémentine Cazalis, à laquelle elle lègue la pension à sa mort, en 1852, et qui la dirigera jusqu'en 1882.

DUPLESSY-MORNAY Philippe, 1549-1623

Philippe naît dans une famille de fer­vents catholiques. Mais sa mère l’élève en secret dans la religion protestante. Il choisit ouvertement ce parti après la mort de son père en 1560. Théologien remarqué, il devient le conseiller de l’amiral de Coligny. Il échappe au mas­sacre de la Saint-Barthélemy en se réfu­giant en Angleterre en 1572. Il devient en 1578 un des conseillers les plus écoutés du roi de Navarre, Henri. Il combat aux côtés d’Henri sous les murs de Paris en 1589. La pais revenue, il se consacre à sa charge de conseiller d’Etat et à la rédaction de L’institution de l’Eu­charistie, publié en 1598. Cet ouvrage qui ren­contre un succès important dans les milieux protestants provoque une vive réaction de l’Eglise catholique. Il quitte la cour vers 1600 et n’y reviendra qu’une fois.
Il a des liens importants avec la région. Il est présent au synode national de 1578, réuni à Sainte-Foy. Il travaille à un projet de confession de foi dans le but d’unifier tous les protestants d’Europe. Cette idée de réunion des calvinistes, des luthériens et des autres protestants dans une communion commune le pour­suit toute sa vie. Il organise ensuite la correspondance diplomatique d’Henri de Navarre, depuis Nérac. Il est chargé également du suivi financier des caisses du roi de Navarre, chroniquement en dé­ficit. Il ramène les comptes à l’excé­dent en 1584. La reine Margot, épouse d’Henri de Navarre lui fait le don du bénéfice de l’abbaye de Clairac. Il s’établit à Bergerac en 1585 avec tout l’entourage d’Henri qui fait alors de la ville la capitale française du protes­tan­tisme. Il participe à la diplomatie d’Hen­ri, notamment par la rédaction de lettres destinées aux cours européennes pour contrer les positions de la Ligue catho­lique. Après l’accession au trône de France d’Henri, il reste attaché à la région. Il revient dans la région foyenne en 1601 pour participer à un rassemblement de chefs protestant. La même année, il est reconnu propriétaire d’un château, celui de Bas-Bruzac en Périgord. Ce magni­fique château fortifié se meurt douce­ment, rendu à l’état de ruine roman­tique. Duplessy-Mornay n’y a néan­moins jamais séjourné. Une de ses filles, Anne, se marie avec Jacques Nompar De Caumont-duc de La Force.
Appelé « le pape des huguenots », Du­plessy joue un rôle majeur dans l’acces­sion d’Henri à la couronne. Il contribue à maîtriser ses finances, à organiser sa diplomatie, à façonner une image poli­tique du souverain plus conforme à sa destinée politique qu’a sa personnalité réelle. 

e-f

FAURE Élie, 1873-1937

Médecin et historien d'art

Né à Sainte-Foy-la-Grande. Il est frère de Jean-Louis et Léonce. Il est égale­ment le neveu du géographe Élisée Reclus. Docteur en médecine, il est spécialisé dans la médecine légale (post mortem) et l’anesthésie. Sur le plan philosophique, il défend avec passion et raison les thèses évolutionnistes, la conviction dans le progrès humain et la science. D’une pensée complète, il est considéré comme le fondateur de la critique de l’art. Il publie un remarqué « de l’art 1909-1921 ». Il développe la thèse de l’évolution des civilisations : ascendantes en phase d’ouvertures (as­so­ciation) et déclinantes en phase de fermetures (dissociation). Il se consacre également au cinéma et à son langage. Il s’engage à la fin de sa vie dans un com­bat en faveur des républicains espa­gnols. Il décède en 1937 à Paris. 

FAURE Léonce, 1861-1909

Ingénieur et père du rural

Fils aîné de Pierre Faure (1834-1910) et de Zéline Reclus (1836-1911), il est le neveu des frères Reclus. Après lui, deux autres enfants naîtront : Jean-Louis, chirurgien, et Elie Faure, médecin et historien d'art.
Il fait ses premières classes à l'Institution protestante de Sainte-Foy, où son grand-père Jacques Reclus fut professeur, puis il entre à la faculté des Sciences de Paris où il obtient sa licence en mathématiques (1891). Il suit ensuite les cours de l'Institut national agronomique dont il est diplômé en 1893. Ingénieur agronome, il exécute différentes missions à l'étranger, où il étudie les aménagements hydroliques. En 1896, il est nommé ingénieur hydrolicien attaché au service des améliorations pastorales du ministère de l'Agriculture.
En 1903, un décret ministériel crée le Corps et services des améliorations agricoles, qui deviendra le Génie rural en 1918, dont Léonce Faure est un des pères avec Joseph Carrier, co-rédacteur de ce décret. Cette école est inspirée des observations de l'ingénieur lors de sa mission en Allemagne notamment. La même année, en 1903, il est nommé Inspecteur aux améliiorations agricoles, poste qu'il occupe jusqu'à son décès.
Atteint de tuberculose, il meurt dans son domicile parisien, il est inhumé au Père Lachaise en présence des derniers survivants de la famille Reclus.
Sa fille, Louise (1888-1957) suit la voie de son père est sera sous-directeur du Génie rural (nommée en 1940, retraitée en 1953). Elle sera également chevalier, puis Officier et Commandeur de la Légion d'Honneur (1930/1947/1954), pour services rendus en tant que haut-fonctionnaire et pour son rôle attitude pendant l'Occupation.

FAURE Jean-Louis, 1863-1944

Chirurgien obstétricien.

Né dans l'hôtel de l'oncle Chaucherie où résident ses parents, il fait sa première scolarité au Collège protestant de Sainte-Foy (1870) avant d'entrer au lycée Louis-le-Grand (1879) à Paris, résidant chez son oncle Elie Reclus. En 1884, il s'inscrit à la faculté de Médecine, où il s'oriente vers la chrirugie. En 1887, il est reçu interne des Hôpitaux, à l'hôpital de la Pitié où il est l'assistant de son oncle Paul Reclus.
Ses multiples ouvrages et articles font autorité. En 1918, il remplace Samuel Pozzi à la chaire de clinique gynécologique de la faculté de Paris. Membre de l'Acaémie nationale de médecine en 1924 et président de la Société de chirurgie en 1925. Egalement membre de l'Académie royale de médecine de Belgique.
En 1932, il participe à l'expédition au Groënland de Charcot.
Il meurt à Saint-Laurent-des-Combes (Gironde), où il possède le château Bellefond-Belcier (cru classé de Saint-Emilion), hérité de son père et de son frère Léonce. Dernier survivant de sa fratrie et de la "sphère Reclus", il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (19e division). Commandeur de la Légion d'Honneur (1924).

FÉLICE (de) Jean-Daniel, 1805-1897.

Pasteur, professeur et directeur de l'Institution protestante de Sainte-Foy

Fils de Bernard-Frédéric de Félice (1760-1832) et de Marie-Élisabeth Cordier (1780-1860), Jean-Daniel de Félice, né à Friedrichsdorf (Hesse-Darmstadt), est l'avant-dernier d'une famille issue des comtes Panzutti, dont le frère Guillaume-Adam (1803-1871) , pasteur et figure du Réveil, est le plus célèbre des membres. 
Après des études de théologie à Strasbourg, le jeune pasteur enseigne les langues dans des écoles anglaises et germaniques. En 1842, il devient professeur de mathématiques à l'Institution protestante de Sainte-Foy, alors dirigée par Benjamin Pellis, prestigieuse mais affaiblie par une mauvaise gestion et par les conflits théologiques naissant du Réveil. En 1845, le comité d'administration le nomme directeur provisoire puis définitif en 1847. Cette même année, il crée une classe préparatoire aux études théologiques, renforçant l'attrait de l'établissement. Son intelligence et sa fermeté lui permettent de se maintenir à la tête de l'établissement jusqu'en 1866, remplacé par Hippolyte Mouchon. Il continue d'enseigner les langues et la philosophie aux élèves du « Collège protestant » de Sainte-Foy jusqu'en 1871, date à laquelle il s'installe dans le Nord, région d'origine de son épouse Suzanne Devos (1821-1868). Il meurt à Mons-en-Bareuil (Nord) le 4 septembre 1897, où, bien que retraité, il animait encore des conférences et des cultes.

FONVIVE (de) Jean, +1737

Pasteur périgourdin émigré devenu journaliste anglais

D'abord pasteur dans son Périgord natal (il naît à Charras, act. commune de Charente), il émigre ensuite à Londres suite à la Révocation de l'Édit de Nantes. Il y travaille comme traducteur avant d'être associé à l'éditeur Richard Baldwin avec qui il lance, en 1695, le journal Post Man, dont il est le rédacteur principal. Cet hebdomadaire est un des premiers journaux d'actualité internationale d'Europe, et connaît un certain succès puisqu'il est tiré à plus de 3000 exemplaires. Le journal est jugé proche du parti whigs (progressiste) et doit sa réputation de fiabilité grâce au réseau de la diaspora huguenote dans le monde.

Naturalisé britannique en 1702, celui qui s'appelle désormais John de Fonvive refuse trois ans plus tard le poste d'éditorialiste de la London Gazette. En 1720, il cesse toute fonction au Post Man et se consacre à l'hôpital des pauvres protestants de Londres (fondé en 1718).

g

GARRIGAT Albert, 1839-1891

Médecin et homme politique.

Jean Zacharie Albert Garrigat né le 25 janvier 1839 dans la bourgeoisie protestante bergeracoise. Son oncle, Gustave Garrigat, pasteur, est un notable respecté de la ville pour son engagement dans les problématiques éducatives.
Ses études à Paris dans le quartier latin l'amène à un engagement politique dans le camp républicain, en opposition au Second Empire.
Devenu médecin, il s'installe dans sa ville natale dont il est conseiller municipal. En octobre 1871, il est élu conseiller général avant de briguer la députation de 1876 à 1885, puis le Sénat de 1885 à 1891.
Il décède pendant son mandat, de nombreuses personnalités nationales et locales assistent à ses obsèques.

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HENRIQUET Samuel, 1848-1921

Architecte civil et religieux

Fils d'Alexandre Henriquet, pasteur et fondateur de l'Église évangilique libre de Sainte-Foy, il fait ses études d'architecture à Bordeaux puis devient l'architecte de la ville de Bergerac. Il œuvre à la réalisation de l’hôpital de la ville, et il conçoit les plans de plusieurs temples de la région (Castillon et Le Fleix).
Il s'installe ensuite à Vichy, où sont installée sa mère et sa soeur. Il y conçoit le temple protestant et plusieurs villas pour la population fortunée de curiste de la ville. Initié à la maçonnerie, il est membre de la Loge "Patrie et Progrès" de Sainte-Foy. Il est apparenté à la famille Mounet-Sully et Clarétie. 

JAY Jean, dit Rieuvert, 1743-1807

Pasteur et homme politique révolutionnaire.

Issu d’une famille de propriétaires et de négociants foyens, il fait ses études à Bor­deaux, à Lausanne et à Genève. Il séjourne à La Rochelle puis devient pasteur à Flessingues (Pays-Bas) de 1770 à 1773, puis du con­sistoire de Montcaret jusqu’à sa mort.
Pasteur de la rive droite du bassin foyen, il est élu membre de l’Assemblée légis­la­tive et de la Convention, où il vote la mort du Roi. Après la Terreur, il quitte la politique, se consacrant à son ministère ; président de consistoire, il a une forte audience en Pays Foyen. Il décède dans sa maison de La Nougarède (Le Fleix), le 9 septembre 1807. Sa pierre tombale jouxte le temple du Fleix qu’il a contribué à mettre en service.

JAY Pierre, dit Delile Jay ou Jay Delile, 1753-1810

Frère de Jean Jay, marié au désert en 1785 à Élisabeth Dupuy. Propriétaire et négociant à Pineuilh et Sainte-Foy, il exerce de nombreuses responsabilités municipales et départementales entre 1783 et 1795. Il s’est distingué par son action pour l’organisation de l’enseigne­ment public à Sainte-Foy. 

JAY Jean, dit Laussac Jay, 1797-1886,

Fils de Pierre Delile Jay, en 1815, il commence ses études de théologie à Genève où il suit les préceptes de César Malan, figure du Réveil suisse. Il commence son ministère à Royan dont il est le pasteur de 1823 à 1837, dont il démissionne pour devenir le premier pasteur en poste officiel du consistoire particulier de La Roquille de 1837 à 1848, qu,il quitte pour la paroisse voisine de Sainte-Foy-la-Grande de 1848 à 1866. Orthodoxe modéré et conciliant, il préside le consistoire de Sainte-Foy de 1853 à 1866. La SHPVD possède de lui une très vaste correspondance privée éclairante sur la vie et les réflexions d’un pasteur ordi­naire de son époque. Pasteur qui aimait conter à ses amis des histoires et des poésies sorties de son imaginaire en patois du pays.

JOUHANEAU-LARÉGNÈRE Mathieu-Éléonor, 1767-1863.

Notable et homme politique foyen

Mathieu-Éléonor naît le 4 octobre 1767 à Loubès (act. Lot-et-Garonne) de l'union de deux membres d'une même famille établie entre la France et la Hollande, mais il passe l'essentiel de son existance aux Terciers (Pineuilh), propriété acquise en 1740 par son grand-père maternel, Étienne Jouhaneau (1700-1781), notaire à Sainte-Foy-la-Grande. Il est baptisé au Désert sept jours après sa naissance.
Après quelques années passées au collège des Récollets de Sainte-Foy-la-Grande, il fait son droit à Bordeaux et à Toulouse et il est reçu avocat au Parlement de Bordeaux le 25 février 1790.
En 1793, il s'engage dans les armées révolutionnaires, aux côtés de son frère Pierre (v. notice). En 1795, il revient à la vie civile pour administrer les domaines familiaux.
Il est maire de Pineuilh de 1814 à 1852, membre du conseil d'arrondissement de Libourne de 1831 à 1834 et conseiller général de la Gironde de 1833 à 1842, place à laquelle il succède à son frère Pierre.
À côté de ses fonctions politiques, Mathieu-Éléonor Jouhaneau-Larégnère est très impliqué dans la vie religieuse de Sainte-Foy-la-Grande, puisqu'il est un membre actif du consistoire entre 1845 et 1863 et du conseil presbytéral entre 1852 et 1863. Il soutient également les œuvres de la région, dont l'Institution protestante, le diaconat, la Colonie agricole de Sainte-Foy et l'Asile de vieillards du Port. C'est également lui qui, en 1792, avait vendu le terrain au consistoire pour y établir le temple (emplacement actuel).
De son mariage avec Sophie Pons (1780-1802), il n'a qu'un fils Jean Éléonor, dit Léon (1801-1853) ; il épouse en seconde noce Jeanne Jouhaneau-Larégnère (1786-1865), fille de son cousin germain, avec laquelle il n'a pas d'enfants.
Il décède dans sa demeure des Terciers à l'âge avancé de 96 ans, et repose dans le cimetière familial qu'il avait installé sur ses terres quelques décennies auparavant.

JOUHANEAU-LARÉGNÈRE Pierre, 1771-1838.

Militaire et homme politique

Né à Loubès (act. Lot-et-Garonne) le 2 juin 1771, Pierre Jouhaneau-Larégnère est le quatrième des cinq enfants de François Jouhaneau-Larégnère et de Jeanne Jouhaneau. Il fait ses études au Collège des Récollets de Sainte-Foy puis à la faculté de Bordeaux, à l'instar de son frère aîné Mathieu-Éléonor (v. notice).
Enrôlé au 2e bataillon des volontaires du Lot-et-Garonne, il est élu capitaine le 21 juin 1792 à Agen. Affecté à l'armée du Rhin, il s'y fait remarquer par son courage et ses capacités de commandement, parvenant à arrêter l'ennemi et à couvrir brillament la retraite française à Stenfeld dans la nuit du 12 au 13 octobre 1793, sauvant au passage la plus grande partie de ses hommes. Cette carrière prometteuse s'interrompt le 2 décembre 1793 quand, à Gambsheim, sa jambre droite est emportée par un boulet de canon au cours de l'assault criant : "Camarades, vengez-moi !". Il revient en activité malgré sa jambe de bois et commande plusieurs places (Tournai, Anvers, Blaye). En 1798, il est promu chef de bataillon et est décoré de la Légion d'Honneur en 1806, malgré son opposition publique au consulat à vie et au titre d'Empereur. En décembre 1814, il est décoré de l'Ordre du Lys ; en 1819, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur ; en 1821, il obtient le Mérite militaire des mains de Louis de Brianson, son coreligionnaire.
En 1800, il épouse Françoise Desenffans de Ghisségnie (1773-1803), de religion catholique, qui décède prématurément sans qu'ils aient d'enfants. Retraité définitivement 1816, il voyage et se rend dans ses différentes propriétés.
Politiquement, celui qui défendait la République assume quelques fonctions politiques dans les rangs monarchistes, de 1825 à 1833 il est conseiller d'arrondissement en Libournais et conseiller général du même arrondissement (canton de Sainte-Foy), se retirant de ce dernier poste en faveur de son frère aîné.
Il décède le 27 août 1838 dans la propriété familiale des Terciers (Pineuilh) où il repose avec différents membres de sa famille.
En 1908, en remerciement des services rendus à la ville et à ses habitants, la municipalité de Sainte-Foy-la-Grande rebaptise un boulevard à son nom.

JOUHANEAU-LARÉGNÈRE Gustave, 1832-1861.

Militaire de Marine et témoin de la colonisation française

Éléonor Étienne Jouhaneau-Larégnère, dit Gustave, est un officier de marine brillant mort en Cochinchine.
Fils de Jean Éléonor Jouhaneau-Larégnère (1801-1853), dit Léon, propriétaire et conseiller général du Lot-et-Garonne, et de Marie-Willelmine Chaupin de La Bruyère (1802-1855), il naît dans une famille riche et cultivée établie entre la France et la Hollande. Il fait ses études à l'Institution protestante de Sainte-Foy puis au collège de Rochefort. En 1850, il est élève officier au Borda, et à partir de 1853, il écume les mers du sud à travers différentes missions, participant notamment à la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France. Ses nombreux voyages asiatiques et africains sont illustrés par ce brillant dessinateur et aquarelliste amateur, tout comme ses souvenirs d'enfant dans son Journal secret et particulier (non-publié). À chaque retour en France, il n'oublie pas de visiter sa famille aux Terciers, propriété familiale située à Pineuilh à laquelle il était très attaché. Il meurt prématurément dans l'assaut du fort Ki-Hoa (Saïgon) le 25 février 1861. Pour lui rendre hommage, une île située au large de Nouméa porte le nom d'Île Larégnère, c'est aujourd'hui une réserve naturelle importante et appréciée des Kanaks et des touristes. Chevalier de l'ordre du Christ (Portugal).

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LABORIE DE LABATUT (de) Ferdinand, 1854-1933

Juriste et homme politique périgourdin

Issu d'une famille de petite noblesse et de familles bourgeoises (Mathieu et Eyma) bergeracoises, il naît au nº 3 de l’actuelle rue de la Résistance. De son nom complet, Anne Marie Charles Ferdinand de La Borie, vicomte de La Batut, il est doc­teur en droit en 1879. Propriétaire à Monbazillac, il devient avocat puis ma­gistrat. Il est élu au conseil général à Issigeac en 1881, il le reste jusqu’en 1933. Il succède en 1885 à l’assemblée nationale au protestant, comme lui, Albert Garrigat. Il est réélu jusqu’en 1912, date à laquelle il devient sénateur de la Dordogne. Il siège dans les rangs républicains au « des gauches ». Il est président du conseil général de 1901 à 1927. Maire de Monbazillac de 1883 à 1933. Il y est propriétaire du domaine du Barradis. A ses obsèques, seul le pas­teur Mercier parle sur sa tombe. Il re­pose au cimetière du Pont-Saint-Jean. 

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LOTI Pierre, 1850-1923

Écrivain et académicien français

Julien Viaud, connu sous le nom de Pierre Loti a un lien fort avec le Ber­ge­racois. Originaire de Rochefort-sur-Mer, il fait un mariage protestant et épouse Mme Blanche Franc de Ferrière, née à Pomport. Ils ont un enfant, Samuel Viaud, mais la vie complexe de Pierre Loti et une santé fragile conduit Blanche à re­venir auprès de sa mère, aux Bertranets, commune de Lamonzie-Saint-Martin. Mme Loti décède en 1940 et repose à Pomport. 

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MATIGNON Jean-Jacques, 1866-1928

Médecin militaire attaché à la légation de France à Pékin de 1894 à 1901.

Né à Eynesse dans une famille de négociants et de propriétaires, il fait son internat aux hôpitaux de Bordeaux et fait un premier séjour en Chine de 1894 à 1898. Il y organise un hôpital et un rudiment d'école française à Pékin. En 1895, il se distingue dans les épidémies de typhus, choléra et pest qui font plus de 50000 victimes à Pékin.
Il est également photographe, ses clichets sont les rares illustrations françaises de l'invasion de la Mandchourie par les Japonais, publiées dans L'Illustration et dans le Tour du Monde. En 1897, il se rend au Japon et en Corée, il y observe les moeurs, la situation des femmes, la prostitution. Ses obeservations ont donné lieu à une vingtaines d'ouvrages publiés pendant et après son séjour extrême-oriental.
En 1900, il participe à la défense des légations européennes contres les Boxers lors du siège de Pékin (juin à août 1900).  
Son travail en Extrême-Orient lui valurent d'être décoré chevalier puis officier de la Légion d'Honneur (1900/1917) mais il reçut également la Croix Sainte-Anne, ordre impérial russe, pour sa découverte des foyers endémiques de peste en Mongolie.
De retour en France, il continue ses activités médicales. Il meurt à Paris, âgé de 61 ans.

MARTEILHE Jean, 1684-1777

Galérien et témoin des persécutions absolutistes.

Fils d'un marchand de Bergerac, il est baptisé le 26 juillet 1684 par Samuel de Bonheille-Labouneilhe, ministre du duc de Laforce. Suite à la Révocation, il tente de fuir vers la Hollande mais il est arrêté à la frontière des Pays-Bas espagnols. Il est condamné aux galères entre 1702 et 1713, dont il tire des souvenirs : Mémoires d'un galérien du Roi Soleil, publiés à Rotterdam en 1757. Ce témoignage essentiel de l'époque a été réédité et traduit de nombreuses fois depuis lors, encouragé notamment par J. Michelet.

MORIZE Paul, 1859-1932

Suffragant de John Bost en 1881, puis en poste au Fleix jusqu’en 1889. Après un ministère au Havre, il est à nouveau pasteur au Fleix de 1897 à 19001 et à Bergerac jusqu’en 1920, puis en retraite active à La Nougarède. De tendance évangélique, Paul Morize est un artisan inlassable de l’unité de l’Église Réfor­mée. Il est aussi un excellent organiste et un grand bibliophile.

NESSMANN Victor, 1900-1944.

Il naît à Strasbourg en 1900. Il fait ses études au Gymnasium protestant. Mobilisé par les Allemands en 1918, il déserte le 28 juin 1919, il est « réintégré » de plein droit dans la na­tionalité française.
Il acquiert d’abord une formation médi­cale qui le conduit à un doctorat en mé­decine. Protestant pratiquant, de 1924 à 1926, il partage la mission d’Albert Schweitzer dont il est le premier adjoint, à Lambaréné. Il complète sa formation médicale en 1932, dans le domaine de la chirurgie. Mobilisé comme médecin en 1939, il est capitaine à Sarrebourg et se charge des blessés. Il quitte la ville le 16 juin, en poursuivant sa mission mé­dicale à Dijon, puis à Moulin. Après les combats, il est nommé responsable de la direction de 4 antennes médicales à Péri­gueux. Sa famille le rejoint le 4 juillet 1940. Il participe alors à la moderni­sa­tion de l’antenne chirurgicale de Sarlat.
Entré très tôt en contact avec la résis­tance, il est en relation avec Edmond Michelet. Il devient alors l’âme et l’or­ganisateur de la résistance en Sarladais (mouvement Combat, puis M.U.R.). Il prend en 1942 la direction de l’Armée secrète du Sarladais sous le nom de Noret. Il est membre de l’AS (armée se­crète) et coordonne les liaisons départe­mentales. Dans toute la Dordogne, l’an­née 1943 est terrible, au printemps et en automne, deux vagues d’arrestations dé­capitent la Résistance. Il est découvert et arrêté le 21 décembre 1943 en pleine consultation médicale. La Gestapo le transfère à Bergerac, puis Limoges où il subit des séances terribles de tortures. Il décède en héros de la résistance proba­blement le 5 janvier 1944, laissant une veuve et six enfants en bas âge. 

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PALISSY Bernard, 1510-1590

Céramiste.

Bernard Palissy est né dans le village de Lacapelle-Biron, aux confins du Péri­gord et de l’Agenais. Il est issu d’un mi­lieu modeste. Il réalise des céramiques de plus en plus perfectionnées à partir de 1530. Il connaît un grand dénue­ment, en particulier pendant son séjour à Saintes. Il est resté célèbre pour avoir brulé ses meubles afin de pouvoir chauffer son four.
Remarqué, il part à Paris pour réaliser des œuvres dédiées à Henri II. Il est pro­tégé par le connétable de Montmorency qui le fait sortir de prison, où il est en­fermé pour hérésie, une première fois, en 1559. 
Il est présent à Paris durant la Saint-Barthélemy mais échappe au massacre. Il a laissé de nombreux ouvrages, en particulier un traité philosophique sur le jardin parfait. Protestant convaincu, il est arrêté à nouveau en 1586 à Paris, cette fois, sous l’influence de la Ligue ca­tho­lique.  Il croupit en prison, à la Bas­tille où il va mourir d’épuisements et de mau­vais traitements vers 1590. Ses œuvres émaillées, d’une grande richesse et com­plexité, sont exposées dans les plus grands musées, dont le Louvre. 

POZZI Benjamin Dominique, 1820-1905

Pasteur bergeracois et figure du Réveil.

La famille Pozzi, originaire d’Italie, s’ins­talle au XVIIIe siècle à Agen, ville de nais­sance de Benjamin Pozzi. Ce der­nier fut de 1843 à 1849 pasteur de l’église con­cordataire de Bergerac, avant de fon­der en 1849 l’Église libre (indépendante de l’État) de cette ville, en confor­mité avec ses opinions, républicaines. Il fut ensuite pasteur de l’Église libre de Pau (1859-1860), de Bordeaux (1860-1876) et à nouveau de Pau (1876-1889) avant de finir ses jours à Bergerac. Dans toutes ces églises, il chercha à dévelop­per des liens (conférences, prières com­munes) avec les églises concordataires. À Bergerac et Bordeaux, les résultats furent limités, par contre à Pau, libristes et réformés collaborèrent activement en matière scolaire. Benjamin Pozzi fut aussi un bâtisseur ; durant son ministère à Bordeaux, il fit élever une chapelle rue Barennes, financée par des fonds re­cueil­lis en Grande-Bretagne. Il avait aussi fait bâtir par l’architecte Jules Roberti l’Église libre de Bergerac en 1850. Il avait épousé Inès Escot-Meslon (1821-1857), une Ber­geracoise, puis Marianne Kempe de nationalité anglaise qui le seconda activement à Bordeaux et Pau.

POZZI Samuel, 1846-1918

Médecin, figure de la Belle époque et homme politique.

Né à Ber­gerac, il est le fils de Benjamin Pozzi et d’Inès Escot-Meslon. Après des études secondaires à Bordeaux, il fit ses études de médecine à Paris. Interne des hô­pitaux, diplômé en chirurgie, chef de service à l’hôpital Broca, il réussit à obtenir la reconnaissance de la gyné­cologie comme discipline universitaire, qu’il enseigna à partir de 1901. Il est alors le médecin du tout Paris, appelé "Docteur Dieu" par Sarah Bernhardt.
Ce ré­publicain, comme l’était son père, mais plus modéré que ce dernier, entre en politique en 1894 comme conseiller gé­néral d’Issigeac. En 1898 il devient sé­na­teur de la Dordogne et siège dans les rangs de la gauche et union républicaine durant un mandat. Il prit fermement parti pour A. Dreyfus. Il doit ensuite se contenter de son siège de conseiller gé­néral (1901-1911) et des fonctions de conseiller municipal, puis de maire de Saint-Aubin-de-Lanquais. Décédé à Paris, il est enterré à Bergerac.
Sa religion, sa profession, ses opinions républicaines font de Samuel Pozzi en parlementaire type du Bergeracois au même titre que ses coreligionnaires et contemporains : Albert Garrigat et Ferdinand de Laborie de Labatut. 

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RECLUS Jacques, 1796-1882

Pasteur et figure aquitaine du Réveil protestant.

Né au Fleix, d’une famille de laboureurs, fut le bibliothécaire du duc De­cazes, avant de devenir pasteur. D’abord pasteur concordataire et président du consistoire de Montcaret, il se déclare indépendant, libre, quand, touché par le Réveil, il veut revenir aux premiers temps de la Réforme et « trier » ses pa­roissiens avant de les admettre à la Cène. Devant le refus du consistoire de Montcaret, il démissionne, le 4 juin 1831, gagne le Béarn et dirige jusqu’à sa mort l’Église libre de Baigts-Castetarbe, près d’Orthez. Là, outre l’Église natio­nale, il a affaire aux darbystes, aux mé­thodistes et même à des baptistes an­glais. Assisté de son fidèle Pierre Laclau, il se dépense sans compter à la fois pour l’évangélisation et la charité : les his­toires qui circulent sur son compte sont innombrables. Fondamentaliste (il con­nais­sait la Bible par cœur), il croyait au retour prochain du Christ pour un règne millénaire. Son souci d’indépen­dance lui a fait refuser l’adhésion à l’Union des Églises Évangéliques Libres de France à sa création en 1849 où son Église n’est entrée qu’en 1889. 

RECLUS Zéline, née Trigant, 1805-1887

Institutrice et mère des frères Reclus.

Née à La Roche-Chalais dans une fa­mille de la bonne bourgeoisie locale, où elle reçut la meilleure éducation, épouse en 1824 le pasteur Jacques Reclus. Elle va mettre au monde quatorze enfants, dont les fameux cinq frères Reclus et perdra trois filles. Son mari n’ayant plus aucun traitement et distribuant le peu qu’ils avaient, pour assurer le pain quotidien, elle donna d’abord des leçons puis ouvrit une école, dans la campagne, près d’Orthez. Devant le succès et les demandes croissantes, la famille s’ins­talla à Orthez, et à partir de 1841 Zéline Reclus dirigea un pensionnat où furent instruites la plupart des jeunes filles de la bourgeoisie protestante des Basses-Pyrénées. Madame Reclus préparait au brevet d’institutrice. Tous les témoignages attestent de l’excellence de l’enseignement donné, comme de son dévouement à l’égard des malheureux ou lors de l’épidémie de choléra. Elle diri­gea sa chère école pendant 45 ans, et mourut à Sainte-Foy, chez sa fille Zéline Faure, entourée de ses onze enfants, quelques mois après avoir pris sa re­traite. Elle était officier de l’Instruction publique, ce qui contrariait sa modestie naturelle.

RECLUS Élie, 1827-1904

Journaliste, anarchiste et communard

Né à Sainte-Foy, il suivit ses parents à Orthez avant de faire une bonne partie de ses études secondaires chez les frères Moraves, à Neuwied, en Rhénanie, puis à Sainte-Foy. S’il acheva à Strasbourg ses études de théologie commencées à Genève, puis Montauban, ce fut pour démissionner de sa charge dès le lende­main de sa soutenance de thèse. Qu’au­rait-il entrepris si le coup d’Etat du 2 décembre n’avait fait de lui et d’Elisée deux proscrits ? Il trouve en Irlande une situation de précepteur jusqu’à ce que, à la faveur d’une amnistie, il puisse ren­trer en France et se marier (1856) avec sa cousine germaine, Marthe-Noémi Re­clus. Il travaille alors au Crédit Mobilier des frères Pereire, tout auréolés de leur réputation de saint-simoniens. Mais Elie les quitte en 1862, en désaccord avec leur politique « capitaliste ». Il vit désor­mais de sa plume, collaborant à un grand nombre de revues françaises et étran­gères. Elisée, revenu d’Amérique, marié aussi, vient vivre avec lui. Tous deux font de longs séjours chez leur ami, Alfred Dumesnil, au château de Vas­cœuil, pour y rédiger leurs travaux. Elie tente en 1863 de créer une banque destinée aux ouvriers, la « Société de crédit au travail », mais c’est un échec (1868). Il partage pleinement les idées libertaires d’Elisée et l’accompagne souvent dans des congrès. Pendant la guerre de 70, à Paris, Elie s’engage comme brancardier de la Garde nationale, pendant qu’Elisée est aérostier, avec le photographe Nadar. Pendant la Commune, nommé directeur de la Bibliothèque nationale, il la sauve de tout désastre. Mais considéré comme révolutionnaire par les Versaillais, il est condamné par contumace. Il peut s’en­fuir et gagner clandestinement la Suisse où il reste jusqu’à son amnistie. Rentré en France, il devient bibliothécaire chez Hachette et écrit de nombreux ouvrages que son fils Paul publiera après sa mort. Doté d’une vaste culture et d’un talent certain de conteur, Elie a consacré l’essentiel de ses travaux à l’ethnologie comparée et à la sociologie religieuse. 

RECLUS Élisée, 1830-1905

Géographe et anarchiste, père de l'école française de géographie.

Élisée est le plus connu des cinq frères de par l’importance de son œuvre de géographe. Lui aussi est né à Sainte-Foy, mais n’a rejoint ses parents à Orthez qu’après quelques années à La Roche-Chalais chez ses grands-parents. Il a fait ses études secondaires à Neuwied et au collège protestant de Sainte-Foy, puis suivi quelques cours de géographie du professeur Ritter à Berlin. Il revient à Strasbourg retrouver Elie et les deux frères rentrent à pied jusqu’à Orthez d’où bientôt ils vont devoir fuir à cause de leur opposition au coup d’Etat du 2 décembre 1851. Si Elie reste en Ir­lande, Élisée part bientôt pour l’Amé­rique où, avant d’être, un temps, pré­cep­teur chez un planteur en Louisiane, il fera tous les métiers. De ces quatre années passées en Amérique, il rappor­tera la matière de nombreux articles pour la Revue des Deux Mondes, sur le système esclavagiste des Etats-Unis et sur les paysages tropicaux de la Co­lombie. Rentré en France en 1857, il se marie l’année suivante avec Clarisse Brian, une jeune fille de Sainte-Foy, fille d’un capitaine au long cours et d’une Sénégalaise peule. Le jeune ménage va vivre à Paris avec celui d’Élie. Les deux fils d’Élie et les deux filles d’Élisée seront élevés ensemble. Bientôt com­mence la collaboration d’Élisée avec la maison Hachette, d’abord pour les Guides Joanne, puis pour la publication des grands ouvrages : en 1869, La Terre. Description des phénomènes de la vie du globe. Et l’année suivante : L’Océan. L’atmosphère. La vie. C’est aussi en 1869 que paraît, chez Hetzel, ce texte mer­veilleux, poétique et savant, Histoire d’un ruisseau, auquel succèdera l'Histoire d'une montagne en 1880, ces deux ouvrages très didactiques etaient destinés aux enfants et aux adolescents. La guerre de 1870-71, puis la Commune interrompent un temps l’activité scientifique d’Elisée qui, pris les armes à la main, est emprisonné dans divers forts avant d’être banni de France. Il n’est pas déporté en Nou­velle-Calédonie grâce à des pétitions de savants anglo-saxons. Il doit s’exiler en Suisse et ne reviendra en France qu’avec l’amnistie totale de 1880. À partir de 1876 et jusqu’en 1894 pa­raissent chez Hachette les 19 volumes de son œuvre monumentale, La Nouvelle Géographie universelle.
Bien que non universitaire, il s’impose aujourd’hui comme le créateur de la science géographique française. S’il a été longtemps occulté et que d’autres noms, comme Vidal de la Blache, ont été mis en avant, c’est parce que pour Elisée la géographie est une science engagée, non aseptisée et pas seulement descriptive. À la géographie de cet ancien commu­nard anarchiste, l’Université de la IIIe République avait préféré celle des con­servateurs qui centraient leurs études sur les paysages et les genres de vie. Pour Élisée Reclus, la géographie doit être un moyen de comprendre le monde, un instrument de connaissance pour for­mer des citoyens conscients et actifs. Il est considéré aujourd’hui comme le fon­dateur de la géopolitique. Certes dans La Nouvelle Géographie universelle, Hachette lui avait demandé de ne pas exprimer ses opinions personnelles, mais celles-ci ne sont pas pour autant absentes et se retrouvent au détour d’un paragraphe. En revanche, dans L'Homme et la Terre (six volumes, en partie posthumes, 1905-1908), il a pu exposer librement ses pensées, ce que traduisent d’ailleurs les têtes de chapitre. C’est cette modernité d’Élisée Reclus, cette unicité de la géographie à la fois phy­sique, humaine, sociale et donc poli­tique, que défend aujourd’hui l’école géographique menée par la revue Héro­dote, ou qui se retrouve dans une émis­sion comme Le dessous des cartes.
Si Élisée Reclus est aussi revendiqué par certains écologistes, comme le premier d’entre eux, il ne faut cependant pas commettre d’anachronisme ou l’annexer parce qu’il était végétarien et qu’il admi­rait et respectait la nature. Ses positions ne sont pas figées. Ce qu’il défend, c’est un aménagement conscient de l’envi­ron­nement pour le bien de l’humanité, sans destructions ni massacres inutiles d’animaux, sans gaspillage. A ces œuvres géographiques, on peut ajouter de nombreuses publications po­li­tiques comme « Pourquoi nous sommes anarchistes », des préfaces aux Mémoires de Pierre Kropotkine, et un très grand nombre d’articles. Élisée a plus été une « grande conscience » de l’anarchie qu’un dirigeant ou un doctrinaire, même s’il a été lié à Bakounine, qu’il a participé aux différentes rencontres de la Première Internationale et qu’il y a prononcé des discours, tout comme au congrès de la Ligue de la Paix et de la Liberté à Berne (1868). Néanmoins, au moment où les attentats anarchistes ont secoué l’Eu­rope, c’est cette réputation qui a fait renoncer l’Université libre (i.e. laïque) de Bruxelles de lui donner le poste de professeur promis. 

RECLUS Onésime, 1837-1916

Onésime après des études secondaires à Neuwied et à Sainte-Foy, comme ses frères, hésita d’abord sur la voie qu’il voulait suivre. De son bref passage chez les Zouaves, en Algérie, il revient fas­ciné par les paysages qu’il a vus et par l’œuvre colonisatrice de la France. Ce sont les deux caractères qui vont mar­quer son œuvre de géographe. Entré chez Hachette grâce à Elisée, il colla­bore avec lui à l’élaboration des Guides Joanne et tous deux parcourent la France en tous sens, souvent à pied. C’est sous son nom qu’il publie, en 1869, son pre­mier livre de géographie sur la France, qu’il reprendra, en 1899 sous le titre « Le plus beau royaume sous le ciel ». En 1874, à la France, il ajoute l’Algérie et les colonies dans un nouveau livre. Son succès La Terre à vol d’oiseau devient un classique pour lycéens et étudiants, plus­ieurs fois réédité. C’est en 1880 qu’ap­pa­raît sous sa plume le mot « franco­phonie » dans le cadre de sa réflexion sur le destin colonial de la France. S’il s’est fait le chantre de la colonisation française (cf. ses ouvrages « Le partage du monde », « Un grand destin commence », « Lâchons l’Asie, prenons l’Afrique »), sa conception du colonialisme ne s’appuie pas sur des considérations mercantilistes ou raciales. Son argumentation est géo­graphique, linguistique, démographique. « La langue apparaît comme le socle des empires, le lien solidaire des civilisa­tions. » Pour lui, la francophonie doit être le symbole de la solidarité humaine et du partage de la culture. Loin de l’in­ternationalisme humanitaire et libertaire d’Elisée, le patriotisme géographique et lyrique d’Onésime se situe plutôt dans la ligne du patriotisme historique de Michelet. Onésime et sa femme Marie-Louise Schmuhl ont vécu à Sainte-Foy de 1886 à leur mort. 

RECLUS Armand, 1843-1927

Ingénieur et militaire français.

Armand, comme ses frères aînés, fit ses études secondaires à Neuwied et au col­lège de Sainte-Foy. Après l’Ecole navale d’où il sort major, il navigue plusieurs années et participe notamment à la con­quête du Tonkin (en1868). Si son buste orne aujourd’hui l’entrée du canal de Panama, c’est qu’il a participé active­ment à son percement. Le succès de Suez (1869) amène Ferdinand de Lesseps à s’intéres­ser à Panama. Un lieutenant de vaisseau, Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse, proche de Lesseps, va associer son ancien con­disciple et ami, Armand Reclus, à l’ex­plo­ration des isthmes de Panama et Darien, pour reconnaître un tracé. Ils participent à deux campagnes (entre 1876 et 1878) extrêmement difficiles à travers des régions montagneuses au climat équatorial. Le Congrès interna­tional de géographie qui se tient à Paris en mai 1879, adopte à l’unanimité le tracé Wyse-Reclus. Les deux amis pu­blient ensemble le résultat de leurs tra­vaux. La réalisation est confiée à F. de Lesseps. Reclus est nommé agent supé­rieur pour superviser la construction. Mais ni Wyse ni lui ne supportent la gabegie entretenue par Lesseps. Armand démissionne en juillet 1882 et rejoint la Marine, (qu’il quittera définitivement en 1885). Bientôt le « scandale de Panama » leur donne raison.
Désormais, Armand va vivre à Sainte-Foy où il a épousé en 1874 Jeanne-Eva Guignard, la fille d’un riche négociant en vins et s’intéresser aux affaires de son beau-père. Il partage son temps entre sa propriété de la Tuque à Eynesse, des séjours à Paris et des voyages, notam­ment en Algérie, chez sa nièce Magali (fille d’Elisée) qui exploite un domaine viticole. Lui-même, avec son cousin Sully-Guignard, en crée un en Tunisie où il expérimente les premières cuves en ciment armé. 
Homme d’action, Armand fut à la fois marin, explorateur, ingénieur, chef d’en­treprise ; savant, il parlait sept langues dont le chinois (il a traduit Confucius en français) et s’intéressait autant à l’ethno­logie et à la géographie que ses frères aînés.

REVERE Paul, 1735-1818

Héros de l’Indépendance américaine, sau­veur de Boston (statue et maison-musée) lors de la guerre d’indé­pen­dance. Lui-même joailler, il descend de la fa­mille d’artisans de Sainte-Foy-la-Grande et Riocaud où son père, Apollos/Paul Rivoire, est né en 1702. 

REY Jean, 1583-1643

Médecin et chimiste, précurseur de Lavoisier.

Originaire du Bugue, il naît dans une famille protestante: son père, marchand, gérait les biens de l'abbaye Saint-Sauveur, et a suivi l'abbesse Gabrielle du Breuil quand elle est passée à la Réforme avec toutes les sœurs en 1563.
Son frère aîné, autre Jean, était maître de forges, le second avait repris la boutique paternelle, lui part faire des études de médecine à Montauban puis à Toulouse.
Revenu en Périgord, il exerce sa profession, mais se livre surtout à des observations, notamment en voyant fonctionner la forge de son frère, qui l'amènent à réfuter les croyances de l'époque en physique et en chimie. Ses expériences lui font découvrir que l'air a un poids, qu'il est possible de le comprimer (ses essais sur une arquebuse à air, destinée aux combattants de la Rochelle font de lui le précurseur de la théorie actuelle de la chimie pneumatique) et que l'eau se dilate sous l'effet de la chaleur (il invente le thermoscope, ancêtre du thermomètre).
Il entretient une correspondance suivie avec Brun, apothicaire à Bergerac, autre religionnaire, et avec les esprits curieux de l'époque, nourris des préceptes de la Réforme.
"Il remarque que le plomb et l'étain augmentent de poids quand on les calcine, et attribue cet effet au poids de l'air." (Biographie universelle ancienne et moderne, tome 37), et en cela il est l'inspirateur de Lavoisier.
Il publie en 1630 à Bazas ses Essays  qu'il dédicace au duc de Bouillon. . 

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STEEG Jules, 1836-1898

Bachelier en théologie, il obtient une dispense d’âge en 1860 pour la consécration du ministère. Il est confirmé à Libourne par décret du 23 novembre 1865, où il est depuis 1860, il est installé en décembre 1865. Il démissionne de son poste de pasteur en avril 1877. Révoqué par arrêté du 25 janvier 1874 de ses fonctions de membre de la Com­mission administrative des hospices et du bureau de bienfaisance de Libourne pour y représenter le conseil presbytéral de Libourne, il est réintégré, puis à nouveau révoqué le 12 octobre 1877 puis réintégré le 5 septembre 1878. 

SULLY Maximilien de Béthune (duc de), 1559-1641

Un des principaux personnages des guerres de Religion et du règne d’Henri IV. Sully est à Bergerac en 1586 avec ses troupes. Il participe à la bataille de Cou­tras, où à la tête d’une pièce d’artillerie, il fait des ravages dans les rangs enne­mis. Il revient une fois à Bergerac au­près d’Henri, pour préparer une mission de renseignements à la Cour.