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20 avril 2021

Petite histoire pas ordinaire

Notre voyage au Château de Bois-Tiffrais a été reporté à plusieurs reprise compte tenu du contexte sanitaire. Ces reports perpétuels auraient pu faire vaciller notre moral si nous n'avions pas reçu cette surprenante nouvelle de Denis Vatinel, "cheville ouvrière" au Musée de la France Protestante de l'Ouest.

Cette histoire a redessiné nos sourires dans une période plutôt propice à la morosité.

"Cher amis,

vous pensez qu'il ne se passe rien d'extraordinaire dans un Bois-Tiffrais fermé au public sous le poids du confinement. Eh! bien vous faites erreur: exemple


Aujourd'hui lundi de Pâques je suis allé au château , profitant que la liberté d'aller et venir existe encore, pour préparer le travail des temps à venir notamment la remise en état des 2000 volumes reliés du cabinet gris qu'il va falloir nettoyer , réparer, cirer et ranger.


En montant le grand escalier j'ai entendu du bruit dans mon bureau. Avec l'inconscience du danger d'agression qui me caractérise j'ai ouvert la porte.


je me suis trouvé devant un spectacle inouï . Jamais je n'ai vu, jamais je n'ai entendu dire, jamais je n'ai lu ce que j'ai vu alors.


Deux êtres tout habillés de noir étaient là, face à moi, qui me regardaient fixement. Je les ai vite reconnus: c'étaient bien elles, les symboles d'éternité et de sagesse, les fidèles compagnes de Wotan, le Père des Dieux et des hommes. De quelle mission étaient-elles chargées pour se risquer ainsi dans ce lieu du savoir qu'est devenu le Bois-Tiffrais ? Pourquoi restaient-elles muettes , inquiètes assez rapidement devant cet humain, cet être de chair et de sang qui les contemplait stupéfait. Passé le premier moment à croiser nos regards, je me suis avancé, j'ai ouvert une fenêtre et les deux grandes et belles corneilles ont pris leur envol


Elles laissaient d'abondantes traces de leur passage sur le dos des fauteuils où elles s'étaient perchées et un peu partout sur le sol. Elles avaient épargné les livres sans exception. J'ai d'abord pensé qu'elles étaient analphabètes puis j'ai réfléchi qu'elles appartenaient à une culture qui méprisait les alphabets des grecs, des latins et autres égyptiens et ne cherchait la compréhension du monde que dans les runes écrites sur le bois de bouleau . Il n'y a pas de runes au Bois-Tiffrais


Wotan le père des dieux des anciens germains les avait-il envoyées en mission pour le renseigner sur ce lieu qui bouge, où le savoir lentement et régulièrement se constitue ? C'est ce que j'incline à penser.


Pour les esprits pratiques parmi vous qui se demandent comment ces créatures animées ont pu pénétrer dans le bureau, la seule possibilité est qu'elles soient descendues par la cheminée , ce long conduit de près de dix mètres où elles se sont laisser choir . Quel courage il leur a fallu ou, comme moi quand j'ai ouvert la porte, quelle inconscience du danger potentiel !


J'ai tout de même baissé le rideau de la cheminée, et lentement, consciencieusement brossé les fauteuils


Je ne sais pas si elles reviendront. En tout cas elles m'ont laissé rêveur

Bien à vous,


Denis Vatinel
POUCHIN Florentine
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